Cette question m’a souvent été posée. À mes débuts, je peignais par envie. Je voulais produire des tableaux aussi beaux que ceux...
Cette question m’a souvent été posée. À mes débuts, je peignais par envie. Je voulais produire des tableaux aussi beaux que ceux accrochés dans le salon de mes parents. J’observais avec envie les tableaux des peintres mauriciens déjà établis sur la scène artistique. A l’époque, je rêvais d’un jour où mes parents accepteraient d’accrocher un de mes tableaux au murs de la maison. Pour cela, je me mis à peindre régulièrement en observant les tableaux des autres peintres comme Charoux où Ménardeau.
Avec le temps, je me mis à peindre par passion. Ce qui avait commencé par un passe temps devint peu à peu une habitude. En revanche, je ressentais en moi le besoin de bien faire, d’être à la hauteur de mes ainés et cela me causais un stress profond. Le besoin de « réussir » un tableau prenait le pas sur le plaisir d’exécution. Durant plusieurs années et dans plusieurs expositions, j’avais l’impression d’être en train de courir derrière quelque chose d’inatteignable. Le plaisir de peindre était peu à peu remplacé par le plaisir de plaire.
En 2003, après la rencontre de Carol, l’amour de ma vie, quelque chose changea en moi. Je décidais de rechercher un nouveau style de peinture avec lequel je tenterai de retrouver le bonheur de peindre. Je voulais créer un style qui n’existait pas dans le paysage artistique mauricien, un style où je ne tenterai pas de suivre la trace de mes ainés. C’est là que j’ai commencé le style que j’ai baptisé « Zafer. » Ce style de peinture aux couleurs vives et aux motifs géométriques me permit de tracer mon chemin personnel.
Avec les Zafers, je me mis à peindre non seulement par passion mais aussi par nécessité. Ayant été diagnostiqué comme souffrant d’une dépression récurrente accompagné d’une bipolarité de type deux, le nouveau style de peinture devint pour moi thérapeutique. Au cours des vingt ans qui suivirent, j’ai réalisé combien peindre les tableaux Zafers m’ont permis de tenir le coup face à cette maladie invisible. Peindre mes tableaux Zafers m’offrent des moments d’apaisement où mon esprit peut se resourcer. Les couleurs vives m’aident à écarter les idées noires. Le style Zafer se veut être grandement utopique. J’ai créé et je crée toujours un monde tel que j’aurais voulu qu’il soit et où je me sent bien. Chaque tableau est une aventure et un voyage personnel. La peinture est aujourd’hui pour moi une passion très centrée sur mon bien-être et le style Zafer m’aide à traverser la vie, un jour à la fois.